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L’empreinte carbone des bureaux vacants en France estimée à 750 000 vols Paris-New-York par an

600 000 tonnes de CO2, l’équivalent de 750 000 vols Paris-New-York. Telle est l’impact écologique annuel des bureaux vacants ou partiellement inoccupés, selon une étude Impact Labs.earth pour Fiveoffices.

Si les débats autour de l’usage des bureaux sont si prégnants ces dernières années, c’est qu’ils sont à la croisée de plusieurs enjeux. Outre les considérations économiques et d’usages, le poids écologique que représente cet immobilier largement sous exploité ne peut être ignoré. Afin d’en estimer l’ampleur, Fiveoffices a commandité une étude réalisée en juin dernier auprès d’Impact Labs.earth.

D’après les conclusions de ces travaux, l’impact écologique des bureaux vides ou partiellement vides en France représente un gaspillage écologique de 600 000 tonnes de CO2 chaque année, soit l’équivalent de 750 000 vols Paris-New-York.

Cet impact carbone des locaux de bureaux s’apprécie lors des phases de construction et d’exploitation des espaces. En moyenne, un bureau consomme en moyenne 200 kWh d’énergie par mètre carré, répartis entre le chauffage (57 %), la climatisation (15 %) et l’équipement comme l’informatique et l’éclairage (28 %). Selon l’étude Impact Labs.earth, il apparaît que près de la moitié des 55 millions de mètres carrés de locaux de bureaux en France sont sous utilisés, soit parce qu’ils sont vides (9 %) ou partiellement vides (37 %).

En la matière, le mieux est en quelque sorte l’ennemi du bien : les bureaux vides du parc immobilier de bureaux en France ne sont pas les plus énergivores dans la mesure où la consommation électrique y est considérablement réduite (chauffage, climatisation et éclairage). En revanche, les espaces de bureaux ouverts partiellement vides sont ceux qui affichent le plus de pertes car les locaux sont chauffés et éclairés à pleine capacité, et cela indépendamment de leur occupation réelle. Ainsi, une réduction des effectifs de 20 % liés à l’instauration du télétravail n’a pas d’incidence sur la consommation de chauffage, d’éclairage ou de climatisation. En somme, un bâtiment totalement vide vaut mieux que quelques étages occupés dans une vaste tour…

En tant que commanditaire de l’étude, Fiveoffices ne manque point de souligner que, dès lors, le partage de bureaux apparaît alors comme une solution pour limiter à la fois le gaspillage énergétique des espaces ainsi que la demande en construction de nouveaux bureaux. Depuis son lancement en octobre 2022, l’entreprise estime avoir permis d’économiser 30 tonnes de CO2 en France, alors que son catalogue lui permettrait d’économiser jusqu’à 6 000 tonnes de CO2 chaque année. Fiveoffices s’est donné comme objectif de proposer 90 000 m² d’espaces commerciaux disponibles à la sous-location d’ici la fin de l’année 2023, soit entre 2 000 et 9 000 postes de travail.

Que cela passe par la sous-location ou la mixité d’usage, l’ampleur du gâchis de ressources énergétiques mise en exergue par cette étude ne laisse que peu de place à l’inaction.

Source : Republik Workplace

De son côté, Indeed a mandaté Forrester Consulting** pour interroger 1 500 salariés français. D’après les résultats, seuls 27 % des salariés français se déclarent épanouis au travail. Un faible chiffre qui traduit un manque d’investissement de la part des entreprises concernant le bien-être du point de vue leurs salariés.

Causes

Au chapitre des raisons d’un tel désaveu du travail dans le secteur tertiaire, il se trouve d’abord une évolution des attentes des salariés. Depuis quelques années, le bien-être au travail est devenu un véritable facteur de productivité et de fidélisation des collaborateurs. Longtemps négligé, il est désormais nécessaire pour les organisations d’instaurer un climat de bien-être et de s’en préoccuper.

Ainsi, pour près de 60 % des personnes interrogées dans le cadre du HP Work Relationship Index (54 % en France), les attentes à l’égard du travail ont considérablement évolué, en particulier au cours des deux dernières années. Et pour 51 % des répondants en France les attentes concernant la manière dont ils sont considérés au travail ont également changé. L’étude Indeed renchérit avec une proportion de 82 % des Français qui pensent qu’il est important de trouver une entreprise qui se soucie de ce que ressentent ses employés et 66 % d’entre eux estiment que leur employeur est garant de leur bien-être au travail.

Néanmoins, les entreprises ont encore du chemin à faire. L’étude Forrester Consulting pour Indeed souligne que seuls 31 % des sondés affirment que leur entreprise privilégie le bien-être des employés par rapport aux profits. À l’heure actuelle, les investissements concrets des entreprises en matière de bien-être sont loin d’être à la hauteur pour les salariés français : ils ne sont que 39 % à estimer que leur direction montre qu’elle se soucie de la façon dont les employés se sentent au travail et 36 % à penser que leur direction procède à des ajustements en fonction des retours de leurs salariés.

Pour sa part, le HP Work Relationship Index retient plusieurs points de vigilance pour les chefs d’entreprise. Au niveau du management, un fossé se creuse : selon 68 % des chefs d’entreprise, les nouvelles méthodes de travail exigent qu’ils revoient leur manière de piloter les équipes. Pourtant, seul 1 travailleur sur 5 estime que les dirigeants ont fait évoluer leur style de management. « Il est indispensable qu’ils fassent preuve d’intelligence émotionnelle, d’empathie et de transparence », souligne le rapport, alors même que 42 % des knowledge workers en France n’ont pas confiance en leurs supérieurs hiérarchiques. D’autre part, un manque de considération flagrant se fait ressentir, puisqu’à peine 25 % des knowledge workers disent recevoir le respect et la valeur qu’ils estiment mériter.

Enfin, les espaces de travail et leurs équipements sont un enjeu majeur d’après l’index. Les knowledge workers veulent une expérience fluide et optimale lorsqu’ils passent d’un lieu de travail à un autre et souhaitent avoir le choix de leurs espaces de travail au fil du temps. Cette flexibilité est considérée comme le reflet de la confiance et de la responsabilité que les entreprises accordent aux employés. Or, seuls 25 % des collaborateurs font confiance à leur entreprise pour leur mettre à disposition les bons outils et les technologies adaptés au travail hybride.

Conséquences

Ces chiffres sur le rapport au travail et à l’entreprise ne sont pas sans conséquences. Sur le bien-être général des salariés d’abord, puisque l’étude réalisée par Forrester Consulting pour Indeed souligne que 86 % des sondés déclarent que le travail influence leur bonheur à la maison. Le rapport de HP note que lorsque le travail a un impact négatif sur les employés sur les plans émotionnel et physique, cela se traduit par des problèmes de sommeil, de rapport à la nourriture, de mésestime de soi, d’isolement social, etc.

Ainsi, plus de la moitié (55 %) des employés déclarent rencontrer des difficultés à se valoriser et à rester en bonne santé mentale, déclarant avoir une faible estime d’eux-mêmes et avoir le sentiment d’être en échec. Ces problèmes affectent naturellement d’autres aspects de leur vie : 45 % d’entre eux affirment que leurs relations avec leurs amis et leur famille en pâtissent, et plus de la moitié (59 %) sont trop épuisés pour s’adonner à des activités personnelles. La fragilité de la santé mentale et émotionnelle peut finir par impacter le bien-être physique : 62 % des salariés déclarent avoir des problèmes de sommeil, mal se nourrir ou ne pas trouver de motivation pour les loisirs.

Mais les relations difficiles avec le travail n’ont pas seulement des répercussions personnelles, mais ont aussi un coût pour l’entreprise. Par exemple, les knowledge workersfont principalement état d’une productivité moindre (34 %), d’un désengagement professionnel plus important (39 %) et d’un sentiment de rupture (38 %). Même lorsque les salariés n’expriment pas d’opinion négative tranchée sur leur relation au travail, plus de 71 % d’entre eux envisagent tout de même de quitter leur entreprise. Lorsqu’ils ne sont pas du tout satisfaits, ce chiffre grimpe à 91 %.

 

Si la grande majorité des employés sont prêts à gagner moins pour un travail qu’ils aiment davantage, les jeunes générations prédominent dans cette tendance.

À noter que les deux études mettent en exergue la situation des jeunes générations. L’étude Indeed souligne que le bien-être au travail a davantage d’impact dans la vie personnelle des jeunes salariés, puisque 65 % des personnes âgées de 18 à 26 ans (Gen Z) pensent que leur bien-être au travail a un impact sur leur qualité de vie, contre 59 % des personnes de 43 à 58 ans (Gen X). En outre, si la grande majorité des employés (79 % en France) sont prêts à gagner moins pour un travail qu’ils aiment davantage, les jeunes générations prédominent dans cette tendance.

Perspectives

D’après le HP Work Relationship Index, il est primordial pour les organisations de veiller prioritairement aux six points de vigilance énoncés pour améliorer le rapport au travail.

 

De son côté, Indeed cite l’exemple des Pays-Bas, où la moyenne des salariés épanouis est de 34 %, soit respectivement 7 et 13 points de plus que la France et l’Allemagne. Les entreprises néerlandaises semblent les plus susceptibles d’améliorer le bien-être de leurs salariés : 47 % des répondants néerlandais pensent que les entreprises font tout ce qu’elles peuvent pour améliorer le bien-être et le bonheur  ; contre seulement 40 % des sondés français et 37 % des salariés allemands. Preuve qu’une certaine marge de manœuvre existe bel et bien. En tout cas, il est plus nécessaire que jamais que les dirigeants et acteurs de l’environnement de travail prennent la pleine mesure de ce prérequis.


* L’enquête a été menée en ligne par Edelman Data & Intelligence (DxI) pour HP dans 12 pays : États-Unis, France, Inde, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Australie, Japon, Mexique, Brésil, Canada et Indonésie. HP a interrogé 15 624 personnes au total : 12 012 knowledge workers (environ 1 000 pour chaque pays), 2 408 décideurs informatiques (environ 200 pour chaque pays) et 1 204 chefs d’entreprise (environ 100 pour chaque pays).

** Forrester Consulting a mené une enquête en ligne auprès de 1 508 salariés en France. Les participants à l’enquête sont des actifs adultes (c’est-à-dire des personnes de plus de 18 ans travaillant à temps plein ou à temps partiel, ou qui sont au chômage depuis moins de deux ans et sont ouvertes à de nouvelles opportunités).

 

Source : Workplace Magazine