Avis d'experts

Le FM, maillon clé des nouvelles pratiques immobilières

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Au plus fort de la crise sanitaire et économique, le FM aura sans nul doute été le bras armé de ses clients, incontestable gardien de leur patrimoine, soutien et opérateur multicompétences de l’immobilier. Alors que de nouvelles organisations se dessinent, la valorisation de sa compétence de pilotage à grande échelle reste centrale pour attirer les talents et exister pleinement dans la chaîne verticale immobilière. Sur sa feuille de route, la pénétration des marchés publics, la territorialisation et l’apport de nouveaux services associés nourrissent les réfiexions autour de son évolution. Entretien avec Éric Lefiot, Président du SYPEMI. 

Aujourd'hui, quel constat tirez-vous de cette période de crise ?

 

À court terme, l’objectif est d’accompagner nos clients et les aider à anticiper l’arrêt progressif des aides salariales qui soutenaient jusque-là les personnes impactées dans leur activité. Sortir du « quoi qu’il en coûte» étant inéluctable, nous réfléchissons à de nouvelles solutions pour répondre à la crise économique, par ailleurs moins « destructrice » qu’on l’aurait imaginé pour nous au regard domaines. Selon de récentes observations du Medef des fédérations concernées, certaines carences d’effectifs sont notamment constatées les métiers de service, où la dimension sociale est désormais davantage prise en considération. C’est également le cas dans la maintenance technique, où subsistent depuis des années de réels besoins. En tant qu’FMeurs, nous nous devons d’être attentifs aux tensions du marché et d’en relayer les difficultés comme les opportunités.

Quels sont les leviers d'attractivité du FM aujourd'hui ?

 

Cette attractivité, semblant encore faire défaut dans le FM pour cer tains clients, passe nécessairement par la poursuite d’actions de communication sur les valeurs ajoutées du FM et de formation dans les métiers de service adaptées à leur évolution, afin d’attirer les jeunes notamment. La notion d’encadrement étant la valeur ajoutée du FM, nous avons besoin de collaborateurs formés et compétents pour être au rendez-vous des attentes de nos clients. Car je le répète: sans service, pas de pilotage possible. Dans les appels d’offres, il ne s’agit plus de gestion minimaliste. Nos pilotes, garants du patrimoine de leur client, sont de véritables chefs d’entreprise/administrateurs qui doivent avoir la capacité de manager des centaines de collaborateurs sur de vastes ensembles immobiliers, mono ou multisites. Les exigences sont fortes, à la mesure des compétences attendues.

La quête de performance et d'efficience est-elle la clé de sa valorisation ?

 

C’est l’un des combats fondamentaux que nous menons promouvoir le juste prix de cette fonction de pilotage, tel que le défend notre dernier Livre Blanc publié en novembre 2020. Le prix n’est plus la valeur ajoutée du FM, c’est la valeur ajoutée du FM qui définit le prix. Les retours d’expérience ont d’ailleurs prouvé que cet enjeu était essentiel, engageant pour les clients comme pour les opérateurs FM. On n’achète pas un prix, mais une compétence.

Cette vision progresse-t-el le aujourd'hui dans l'approche du FM externalisé?

 

Un nombre croissant d’importants acteurs industriels et institutionnels commencent à s’engager dans le FM. Ils réalisent notamment que la délégation du risque et l’accompagnement de la marque-entreprise contribuent à la nécessaire économie, crédo initial du FM. Effectivement, le FM n’est pas encore légion mais il gagne constamment des parts de marché, encourageant les acteurs à s’entourer de nouveaux moyens techniques et humains.

Quelle est votre démarche pour favoriser et consolider la relation FMeur/donneur d'ordre?

 

L’objectif est de recréer du lien dans la chaîne verticale de l’immobilier. Le FM en est l’un des maillons essentiels. Dès lors, nous appelons de nos vœux les différents acteurs, fédérations et composantes de l’immobilier à travailler ensemble. Nous devons collectivement développer une réflexion plus « ensemblière» des métiers de service afin de comprendre comment les intégrer dans les attentes des investisseurs, foncières, property, locataires, etc. Si la crise sanitaire est un accélérateur de l’optimisation des mètres carrés, justifiant le choix du Flex office, des bureaux partagés et du télétravail, son impact sur la réduction des services associés doit nécessairement ouvrir le champ à de nouveaux aménagements avec des lieux de vie plus uniquement dédiés au travail. Le FM se pose naturellement en acteur de cette transition et à l’écoute pour valoriser les actifs. 

La tendance servicielle au sein des entreprises est-elle un ressort d'évolution ?

 

La capacité à piloter différents services est l’essence même du FM. Plus il y aura de métiers, plus le rôle de pilote sera légi timé et renforcé. De nombreux services complémentaires nourrissent déjà les réflexions, comme on l’a connu il y a quelques années avec les fonc tions de community/hospitality managers, happyness officer, etc. Ces dernières sont de plus en plus tournées sur la relation à l’occupant au sein des envi ronnements de travail. Un autre sujet qui nous anime aujourd’ hui est celui des marchés publics, qui recèlent toujours une certaine réticence. Pour ces acteurs, il paraît encore difficile de s’engager dans une solution assemblée, pour des questions principalement d’ordre juridique. Face à cette frilosité, nous allons nous employer à expliquer les contours de notre métier, ce qu’il peut apporter aux collectivités en matière d’appui et de connaissances. Ce sont des marchés sur lesquels nous sommes convaincus du rôle d’accompagnement du FM, et qui font pour l’heure l’objet d’une étude stratégique globale.

La territorialisation, un autre grand défi du FM ?

 

Nous croyons fermement à la mise en place de dispositifs FM dans les territoires dépourvus ou en manque de services de proximité. Ce sont les terres d’élection de nouveaux acteurs de la vie d’entreprise qui souhaitent s’extraire des grandes métropoles et agglomérations grâce à l’essor du télétravail et à la redensification des zones rurales. C’est d’ailleurs l’un des enseignements majeurs de cette crise : permettre aux gens de réaliser que Paris et l’Île-de-France ne sont pas/plus la solution idoine, et que l’on peut dès aujourd’hui envisager des expériences et des services intelligents sur un territoire au fort potentiel de développement. En tant que FMeurs, nous sommes prêts à examiner ces solutions avec tous les acteurs publics.

À quels services faites-vous référence ?

 

L’ensemble des services à la personne, des prestations techniques en matière de visioconférence, de télétravail et de connectivité par exemple. Il faut proposer des services pilotés associés, logistiques, informatiques, de restauration, d’appui aux collectivités, etc. Ainsi, c’est tout le tissu économique qui est embarqué dans cette dynamique de relocalisation de services fondamentaux. C’est une vision de service public au sens large. Nous menons aujourd’hui des réflexions qui portent notamment sur des solutions d’optimisation et d’interopérabilité de nos métiers afin de gagner en efficience et en productivité. Demain, l’enjeu consistera à délivrer le service là où le salarié décidera d’aller, avec performance et agilité, quelle que soit l’option retenue en matière d’hybridation, de coworking ou d’home office.